Publié par Guy de Laferrière le 29 janvier 2023
Alors que la dette publique est en passe d’atteindre le seuil symbolique des 3 000 milliards d’euros, le ministre de l’Économie annonce des « réductions significatives » dans le budget 2024. Il annonce la fin du “quoi qu’il en coûte”.
La dette française va dépasser 3 000 milliards d’euros. N’est-ce pas le moment de paniquer ?
Certainement pas ! Nous avons une stratégie de maîtrise de nos finances publiques, nous l’appliquons. À la fin du troisième trimestre 2022, la dette française atteint les 113 % de notre richesse nationale. Avec le Président et la Première ministre, nous sommes déterminés à faire baisser la dette à partir de 2026, et à ramener le déficit public sous les 3 % en 2027. Tout simplement parce qu’une dette élevée représente une charge financière importante, surtout quand les conditions de financement changent : hier, l’État français empruntait à 0 %, aujourd’hui à 2,5 %. En conséquence, la charge de la dette est passée de 31 milliards en 2021 à 42 milliards en 2022. Il serait irresponsable de faire peser cette charge sur les générations futures.
Comment en est-on arrivés là ?
En 2017, la dette publique approchait déjà les 100 % du PIB. En 2018, nous sommes revenus sous les 3 % de déficit et nous avons sorti la France de la procédure pour déficits excessifs. Mais nous avons dû faire face à deux chocs exceptionnels : la plus grande crise économique depuis celle de 1929, avec le Covid ; et la plus importante crise énergétique depuis le choc pétrolier de 1973, avec la flambée des prix du gaz liée à la guerre en Ukraine. Nous avons dépensé pour protéger, comme tous les autres États européens. Avec un résultat clair : nous sommes le premier pays de la zone euro à avoir retrouvé notre niveau d’activité d’avant-crise ! Maintenant, nous entrons dans une nouvelle étape.
Avons-nous d’ores et déjà franchi ce seuil fatidique des 3 000 milliards ?
Le montant de notre dette à la fin de l’année 2022 sera connu fin mars. Ce qui est important, ce n’est pas le montant absolu de la dette en euros : c’est que cette dette soit soutenable. […]
Où réduire les dépenses ?
Nous passerons au peigne fin toutes les dépenses publiques : État, collectivités locales, champ social. C’est l’objet de la revue des dépenses que nous engagerons dans les prochains jours sous l’autorité de la Première ministre. Nous ne sommes pas novices en la matière : nous avons rétabli les finances publiques en 2018, en prenant des décisions difficiles par exemple sur les emplois aidés.
Avez-vous déjà des pistes d’économie ?
Interrogeons chacune de nos dépenses. Par exemple, nous ne pouvons pas vouloir décarboner notre économie et maintenir des avantages fiscaux favorables aux énergies fossiles. Rendons nos dépenses cohérentes avec nos objectifs politiques ! Dès le budget 2024, nous pourrons ainsi programmer des réductions de dépenses significatives.
Sur 1 000 euros de dépense publique, 97 sont consacrés à l’Éducation nationale. Ne faut-il pas faire davantage au vu de la situation de notre école ?
Le Président a lancé un chantier majeur de transformation de notre politique éducative. Nous devons avoir un débat sur le niveau d’investissement dans l’éducation, comme nous l’avons dans tous les domaines. Avec un objectif : dépenser mieux en préservant les investissements nécessaires à la nation.
Par exemple, il est indispensable d’augmenter le budget de nos armées, parce que la guerre est de retour en Europe ; ou de soutenir massivement la décarbonation, parce que le coût de l’inaction serait exorbitant. Et parce que ça rapporte ! En ayant investi 8 milliards d’euros par an dans les énergies renouvelables par le passé pour garantir des tarifs aux producteurs, l’État a touché plusieurs milliards en 2022 parce que le prix de l’électricité a explosé. Cela nous permet de financer pour partie le bouclier tarifaire. […]